Un blog pour partager nos croyances, nos activités, notre histoire et nos engagements - un aperçu des Quakers en France.
Beaucoup de gens qui découvrent le quakerisme sont à la recherche de recommandations de livres pour approfondir leurs connaissances sur le sujet. Récemment, nos amis Jacques Damoy du groupe Quaker des Hauts de France et Yves Guilleus sympathisant isolé de Troyes ont accepté de nous servir de guides pour les titres en français sur le quakerisme. Voici leurs avis et conseils :
« Lorsque j’ai commencé à m’intéresser au quakerisme il y a quelques années, des amis m’ont conseillé d’acquérir une traduction de La Lumière Intérieure Source de vie de Robert Barclay (Paris, Editions Dervy, 1998).
J’ai été fort surpris en parcourant ce livre d’y trouver une somme théologique relativement complexe et datant du 17ème siècle. Pour un néophyte, cet ouvrage compliqué ne pouvait guère m’éclairer à découvrir le monde actuel des quakers. J’en reportais donc la lecture à plus tard et me mettais en quête d’ouvrages plus accessibles et surtout plus récents.
C’est alors que je constatais que ladite quête n’allait pas être des plus simples : il n’y avait en réalité que très peu d’ouvrages relativement récents sur le sujet en langue française (alors qu’il y en avait à foison en langue anglaise).
N’ayant pas trouvé mon bonheur dans les librairies classiques, je poursuivais mes recherches sur internet où je découvrais quatre ouvrages qui m’ont enfin apporté une connaissance relativement large sur le monde des quakers :
Lire la suite : Un bon livre est un bon ami : quelques livres en V.F. sur le quakerisme
Quels que soient l'organization, l'association ou l'assemblée spirituelle, au bout d'un moment il faut bien s'occuper des choses pratiques de la vie, grandes (où se réunir lors d'une assemblée annuelle ? comment organiser l'accueil des nouvelles personnes), et petites (on sert du café ou du thé ? combien de biscuits ?). Comme tout le monde, les quakers doivent aussi se réunir pour prendre des décisions. Mais les quakers ont une méthode assez singulière pour la prise de décisions.
D'abord, un mot sur le nom donné à nos réunions : la réunion de recueillement pour les affaires (aussi appelée « réunion de culte pour les affaires ») vient de l’anglais, Meeting for Worship for Business. Pour les Amis, cette réunion est aussi un temps spirituel, ou nous nous retrouvons pour discerner le chemin à suivre. Comme notre culte en silence, la réunion de recueillement des affaires est aussi un moment d'écoute et de silence où nous attendons l’inspiration de la Lumière.
Lire la suite : Une méthode unique de prise de décision : la réunion des affaires quaker
Pendant le culte quaker, le silence est parfois la seule nourriture accordée pendant l’heure du culte. Parfois, quelqu'un peut se sentir appelé à livrer un court message, ce qu'on appelle un ministère vocal. Est-ce vraiment le moment ? Notre amie Gretchen Ellis nous livre ses réflexions sur cette pratique parfois difficile à manier.
« Notre culte à base de silence est un espace où nous essayons de nous vider de nous-mêmes pour s’attendre à Dieu (à l’Esprit Saint, à l’étincelle divine, à la lumière intérieure...ou peut-être tout simplement au meilleur de nous-mêmes... selon notre conception personnelle de la chose). Dans une première période de recueillement nous tâchons de nous extraire de nos propres pensées afin d’être réceptifs à ce qui peut venir de plus loin que nous-mêmes. Nous laissons d’abord s’établir un silence profond et nourrissant. Il se peut que ce silence soit même la seule nourriture accordée pendant l’heure du culte. Ou bien quelqu’un peut se sentir appelé à livrer un court message, un ministère vocal.
“Speak the truth, even if your voice shakes” --Maggie Kuhn. Cringle Park, Levenshulme, Manchester
“Speak the truth, even if your voice shakes” --Maggie Kuhn. Cringle Park, Levenshulme, Manchester by dullhunk, licensed under CC BY 2.0
Avant de se lever pour prendre la parole, on doit essayer de discerner si le message vient vraiment de plus loin que son petit «soi», si c’est réellement un appel de l’Esprit Saint à partager quelque chose avec l’assemblée. Une lutte s’engage en soi-même pour déterminer si ce message doit vraiment être délivré. Souvent on décide d’abandonner l’idée mais elle revient avec instance à plusieurs reprises avec de plus en plus de force, jusqu’à ce que l’on se trouve, malgré soi, debout et en train de parler.
A ce propos, je voudrais citer Georges Gorman
Quiconque se sent amené à parler devrait accepter la discipline de se poser quelques questions avant d’ouvrir la bouche. L’objectif principal de ces questions est d’être au clair sur les raisons pour lesquelles on veut parler. Le type de questions auxquelles je fais allusion sont : «l’expérience ou l’idée que j’envisage de partager avec mes frères et sœurs est-elle de nature à contribuer à la sensibilité de la vie du culte et aidera-t-elle l’assemblée à prendre conscience de la transcendance ? Ma contribution aidera-t-elle à faire ressentir un sens de crainte, d’émerveillement, d’adoration, de louange et d’action de grâce - une affirmation de la splendeur et de la bonté de la vie et de son but ultime d’amour et de vérité ? (1)
Il est également possible de prendre comme exemple John Woolman qui en 1741 décrit une expérience : il avait parlé sous l’égide de l’Esprit Saint, mais avait dit plus que ce qui lui était demandé. Conscient de son erreur, il en a souffert pendant des semaines avant de retrouver la paix intérieure :
...humilié de la sorte sous la croix, mon entendement a été fortifié pour distinguer entre le langage de l’Esprit pur qui émeut le cœur de l’intérieur, et cela m’a appris à attendre en silence parfois de longues semaines, jusqu’à ressentir cette montée qui prépare la créature à se dresser comme une trompette à travers laquelle le Seigneur parle à son troupeau. (2)
Notre pratique en ce début de XXIème siècle est plus souple et moins austère que celle de nos ancêtres. Néanmoins, il est dans notre intérêt de nous poser quelques questions avant chaque contribution vocale, et de s’efforcer de rendre le plus explicite que possible le caractère spirituel de son message. Ne craignons pas de retourner à un silence profond après chaque intervention car c’est là où nous puisons notre inspiration et notre force. »
Notes :
(1) George Gorman dans son discours Swarthmore de 1973 «The Amazing Fact of Quaker Worship» («Le phénomène étonnant du culte quaker») publié par le Quaker Home Service, page 107
(2) Paragraphe 2.57, Quaker faith and practice, Fourth edition, The Religious Society of Friends (Quakers) in Britain, 1995-2008
Notre dernier article a rapidement expliqué comment se déroule la réunion de recueillement en silence. Depuis le début de l’épidémie de Covid, les Quakers en France ont mis en place une réunion de recueillement en ligne sur Zoom. Cette réunion a lieu tous les dimanches à 10h30. Seymour, un membre du comité, nous a livré le témoignage de son expérience :
“Je vis à près de 200 km de la réunion quaker la plus proche de chez moi. Par conséquent j'y assiste très rarement, même si j'ai très envie de le faire. Au final, je fréquentais surtout une réunion en Écosse lors de mes vacances là-bas.”
“Cependant, suite au confinement, j'ai pu assister à des réunions hebdomadaires en ligne via Zoom. C’est un fantastique changement pour moi. Zoom est vraiment facile à utiliser. Bien qu'au début il était étrange de ne voir que des images miniatures des autres participants, après quelques semaines, c’est devenu assez habituel.”
Les quakers n'ont pas de dogme, mais un ensemble de pratiques, dont la plus courante est notre pratique du silence. De quoi s'agit-il ? Pendant le culte à base de silence, d'une heure environ, les participants s'assoient en cercle et en silence.
Il n'y a ni prêtre, ni pasteur. Un membre du groupe - l'aîné - joue un rôle d'accueil avant le culte et signifie que l'heure est terminée. En général, on s'installe au fur et à mesure dans le cercle et peu à peu les participants entrent dans un silence calme et posé. Il n'y a ni chant, ni lecture liturgique, juste des personnes attentives à la présence de la lumière divine (ou Dieu, l'Esprit Saint, l’étincelle divine, ou peut-être tout simplement ce qu'on appelle notre conscience, selon sa conception personnelle de la chose). Ce silence profond et nourrissant peut régner pendant tout le culte, il arrive qu'un ou deux participants se lèvent pour prendre la parole s'ils sentent réellement un appel pour livrer un court message, ce qu'on appelle un ministère vocal. Il est de coutume de réfléchir en silence à ce qui vient d'être dit, sans répondre du tac au tac. Le recueillement n'est ni un dialogue, ni un concours d'éloquence.
Lire la suite : Le culte en silence : fondement de la pratique quaker
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